Né à Kumo, je n'eus pas la chance de connaitre mes parents. Mon père, un ninja apparemment extrêmement puissant mourut au combat et ma mère perdit la vie en me mettant au monde. Tout ce que je sus à ce sujet, c'est que l'accouchement avait épuisé ma mère au point de lui ôter la vie. A peine avais-je fait mon entrée dans ce monde si cruel, une personne mourait déjà par ma faute. Toute ma vie, je me sentis responsable du décès de ma mère, même si mon entourage s'efforçait à dire que je n'y étais pour rien. Je fus recueillis par mon oncle, un homme dur et froid qui faisait cependant très attention à moi. Il s'occupait de mon éducation, il était en quelque sorte le père que je n'avais pas eu la chance d'avoir. Très jeune déjà, mes aptitudes physiques ne passaient pas inaperçues. J'étais beaucoup plus fort que mes camarades, plus grand qu'eux également et je me débrouillais largement mieux au combat.

A l'époque nous étions, dès notre plus jeune âge, entraînés au Ninjutsu. Kumo était connu pour être le plus puissant parmi les cinq villages, cela provenait en partie de l'excellente instruction qui était imposée de génération en génération. Beaucoup d'entre nous n'arrivaient pas à suivre le rythme de l'enseignement qui nous était donné, mais je ne faisais pas partie de cette majorité là. J'étais le gars sérieux qui s'appliquait dans chacun de ses gestes même s'il faisait déjà mieux que la plupart de ses professeurs. Je n'étais certes pas doué dans l'art de la maîtrise des illusions, le Genjutsu, mais je palliais ma faiblesse par mon incroyable force physique et mon étonnante affinité avec la foudre. En effet, nous découvrîmes très rapidement que je maîtrisais les Jutsu de type Raiton avec une aisance particulièrement déconcertante, j'étais bien parti pour devenir un ninja incroyablement fort.

Mais c'est à l'âge de quinze ans que je me révélai réellement. Malgré mon âge avancé, je me souviens encore de ce jour comme si c'était hier. Ma taille et mon impressionnante musculature provoquaient parfois les rires de mes camarades quand nous étions enfants, mais à l'adolescence, quand ces choses là commencent à avoir de l'importance, croyez-moi qu'aucun d'eux n'a plus jamais osé se moquer de moi. Tout d'abord parce qu'ils savaient qu'ils allaient amèrement le regretter si par malheur ils le faisaient et ensuite parce que dans notre village, les hommes forts étaient respectés. En plus, comme j'étais plutôt beau, les filles avaient tendance à me courir derrière, du coup, les garçons voulaient absolument être mes amis car ils voyaient que j'avais du succès auprès de la gent féminine. Bref, tout ça ne sont que des détails futiles qui n'ont pas beaucoup d'importance pour moi aujourd'hui.

Mais comme je vous le disais, c'est à cette époque que l'on me remarqua vraiment. Je travaillais déjà depuis quelques mois sur une toute nouvelle technique qui allait révolutionner l'utilisation du Raiton. Une armure recouvrant le corps de celui qui l'utilisait et qui augmentait radicalement ses capacités physiques. Les miennes dépassaient déjà largement la moyenne, mais avec cette armure en plus, j'étais quasiment imbattable. Je perfectionnai ma technique pendant les cinq années qui suivirent et à vingt ans, on nomma protecteur du Raikage. Avant moi, il n'y avait jamais eu de ninja aussi jeune qui avait pu remplir ce poste. J'étais à la fois fier et très honoré d'avoir été choisi pour endosser ce rôle, mais la chose qui me rendit le plus heureux fut la rencontre avec la future mère de mes enfants.

Je n'avais jamais vu un aussi mauvais temps ce jour-là. Le ciel grondait si fort que l'on aurait pu croire qu'il finirait par imploser et la pluie tombait sans cesse depuis des heures. Moi, j'aimais beaucoup ça. Je n'étais pas comme tous les autres villageois qui restaient cloîtrés chez eux en espérant que le moment de quitter cette terre n'était pas encore venu. Je profitais généralement de ce temps pour m'entraîner, c'est là que je la vis pour la première fois... Elle était tellement belle toute ruisselante de pluie, c'était la première fois que je ressentais quelque chose comme ça. Un gros dur insensible comme moi, avoir un coup de foudre pour une femme? Je n'avais pas le temps pour des choses aussi futiles. Mais c'était plus fort que moi, je me sentis obligé de m'approcher. Elle s'exerçait au Taijutsu et je tombai tout de suite sous son charme. La beauté de ses gestes, je n'en croyais pas mes yeux. J'avais sûrement l'air d'un idiot à la regarder la bouche entrouverte, mais je n'arrivais pas à décoller mes yeux d'elle. Dans les enchaînements qu'elle faisait, j'avais l'impression de comprendre d'un coup toute sa personnalité. Elle était douce et vraiment gentille, mais en combat, elle ne faisait pas de cadeaux, cela se voyait.

Toute la confiance que j'avais en moi disparut alors lorsqu'elle vint m'aborder. Peu orthodoxe, mais la première chose qu'elle me proposa fut un combat. Pour une femme, il fallait avouer qu'elle était assez forte, mais ses coups me faisaient aussi mal que si un insecte essayait de me blesser. Inutile de vous dire que je la laissai gagner, c'était le premier combat que je perdis. Et même si nous fîmes tous les deux semblant de ne rien savoir, elle s'était bien rendue compte que je n'étais pas un shinobi normal. Elle s'appelait Kumiko et je ne m'étais pas trompé, elle était vraiment douce... Rien à voir avec la tigresse qu'elle était lorsqu'elle combattait. En fait, nous étions radicalement opposés tous les deux. J'étais le genre de type très bourrin, malpoli, qui passait son temps à jurer et elle était tout le contraire... Si bien, que je me demandais ce qu'elle faisait avec un type comme moi. Certes, j'avais mes qualités, mais tout de même.

C'est pour cela que je ne cessais de m'entraîner, d'essayer de devenir toujours plus fort pour qu'elle soit en quelque sorte fière de moi. Elle ne me faisait pratiquement jamais de compliments, nous nous disions quasiment jamais "je t'aime" à part lors des grandes occasions, mais au fond, nous n'avions pas besoin de mots pour savoir ce que l'autre ressentait. Nous vivions un amour pur, un amour que chaque personne vivant sur terre rêverait de vivre. Avec le recul, je pouvais me rendre compte que je n'avais peut-être pas apprécié toutes ces années passées avec elle, mais à l'époque, j'étais jeune et je ne réfléchissais pas beaucoup. Pour tout vous dire, je comptais sur ma force physique colossale pour régler n'importe quel problème, sauf que cela ne pouvait pas tout résoudre, mais ça, j'ai mis du temps à le comprendre.

Peu de temps après s'être mis ensemble, Kumiko et moi eûmes un enfant.
J'avais une vingtaine d'années, et voilà que j'allais déjà être père, c'était trop de responsabilités pour moi. Ma femme décida de l'appeler Aa, inutile de dire que je n'eus pas mon mot à dire dans l'histoire. C'est moi qui décidais à la maison, mais cette fois, elle m'avait bien dit que c'était elle qui prendrait cette décision et que je ne pouvais pas interférer. J'avais une sainte horreur de l'autorité, mais là c'était différent, pour la première fois de ma vie je me laissai guider par quelqu'un d'autre.

Les années passèrent et finalement, c'est moi qui devins le troisième Raikage du village. Comme je vous l'ai déjà dit précédemment, Kumiko ne me faisait pas beaucoup de compliments, en général elle me laissait me débrouiller pour deviner ce qu'elle pensait, mais le jour où l'on me confia officiellement le poste de Kage, elle ne put retenir ses larmes. C'était la deuxième fois que je la voyais pleurer depuis que nous étions ensemble, la première fut lorsqu'elle accoucha. Je dirigeais le village d'une main de fer, mais toujours en pensant au bien de mon peuple et en agissant en fonction de l'avis de celui-ci. Plus Aa grandissait, plus il me ressemblait. Je pris son éducation en main dès qu'il eut l'âge de combattre, afin que plus tard, ce soit lui qui me succède. C'était une erreur, aujourd'hui je m'en rendais compte. Elever mon fils dans l'unique but qu'il devienne le prochain Raikage n'était pas bon pour lui. Certes, il était doué et j'étais très fier de lui, mais je n'étais pas un bon père, il méritait franchement mieux.

Je n'étais pas souvent à la maison non plus, en partie à cause de ce foutu démon à huit queues qui ne cessait d'attaquer Kumo. Je ne saurais dire combien de fois je dus le combattre avant que sa puissance soit enfin maîtrisée, mais je finis par réussir à le sceller. Vaincre un Bijuu en duel était une chose extrêmement rare, en fait, j'étais le seul homme au monde capable de rivaliser avec un démon en colère. Mais en même temps, avec une telle maîtrise du Raiton, je ne pouvais que gagner. On ne tarda pas à me reconnaitre comme étant le Raikage le plus fort de toute l'histoire, c'était flatteur, mais je me contentais de faire mon travail.

Tout allait bien dans le meilleur des mondes en somme. Aa grandissait bien, ma femme et moi étions heureux et le village se portait bien. Je pensais que rien ne pouvait gâcher le bonheur que je ressentais à l'époque, mais voilà, la guerre éclata et inévitablement, je fus obligé d'y prendre part. Malheureusement, c'est durant cette bataille que je perdis la vie, une fin digne de l'homme que j'étais. Je combattis dix mille soldats durant trois jours et trois nuits avant de m'écrouler, épuisé. Mon plus grand regret, au moment où je mourus, fut de ne jamais avoir dit à mon fils qu'avec sa mère, il était la meilleure chose qui me soit arrivé dans la vie et que je l'aimais de tout mon coeur...